Puits artésien de la Butte aux Cailles



Avez-vous déjà goûté la délicieuse eau du puits artésien de la Butte-aux-Cailles ? Sentez-vous ce goût légèrement argileux ?

Pour le trouver, il suffit de vous rendre sur la Place Verlaine, qui est justement l'ancienne "Place du puits artésien".

De nombreux parisiens viennent avec de grands bidons vides pour les remplir de l'eau du puits et les stocker.

Nous, nous aimons commencer nos visites guidées sur la Butte-aux-cailles par un petit verre d'eau aux mille vertus.



Qu'est-ce qu'un puits artésien ?


Un puits artésien est une exsurgence formant un puits d'où l'eau jaillit spontanément. Le puits peut également être artificiel et obtenu par forage, ce qui est le cas du puits artésien de la Butte-aux-cailles.
Ce phénomène a été mis en évidence pour la première fois en France par les moines de l'abbaye de Lillers, en Artois en 1126, d'où son nom.

Un puits artésien est donc un puits qui a été découvert par les moines de l'artois.

L’Artois une province du royaume sous l’Ancien Régime, ayant pour capitale Arras, actuellement inclus dans le département du Pas-de-Calais.

Caractéristiques du puits artésien de la Butte-aux-cailles



Les puits artésiens de Paris sont alimentés grâce à une nappe aquifère de l'Albien, s'étendant sous le Bassin parisien à environ 600 m sous la surface. Le volume de cette nappe est estimé à plus de 700 milliards de m³. L'eau qu'elle contient est âgée de plusieurs dizaines de milliers d'années.

La nappe est bloquée entre des argiles noires qui empêchent sa remontée ; l'eau y est soumise à une pression de 60 bars. Le principe d'un puits artésien consiste à forer jusqu'à la nappe : la pression qui y règne est suffisante pour faire remonter spontanément l'eau à la surface.

Sur la Butte-aux-Cailles, le puits artésien se situe sur la place Paul-Verlaine. Il alimente une fontaine publique. L'eau y sort à 28 °C ; elle est parfaitement potable, quoique légèrement sulfureuse et riche en fer et en fluor, mais faible en calcium.

Histoire résumée du puits artésien de la Butte-aux-cailles


La borne "Histoire de Paris" dédiée au thème du puits artésien est une bonne source d'informations sur l'histoire de ce puits :

"Afin d’alimenter les maisons de la butte (situées à une altitude de 62 mètres), mais aussi pour augmenter le débit de la Bièvre, le forage d’un puits de grande profondeur est décidé en 1863. En 1872, l’entreprise est abandonnée à 532 mètres. Après plus de vingt ans, le chantier est repris : l’eau jaillit enfin, à 582 mètres, légèrement sulfureuse et tiède (28°), très abondante, près de 6000 m3 par jour en 1903. Entre-temps, les travaux ont perdu leur utilité : en effet, la Bièvre s’est trouvée peu à peu recouverte, et les habitations sont le plus souvent dotées de l’eau courante. Vingt ans passent à nouveau, jusqu’à la construction de cette piscine alimentée par le puits artésien, en 1924.


Histoire détaillée du puits artésien de la Butte aux cailles


Au XIXème siècle, François Arago, face au constat de la réussite du forage des puits artésiens de Grenelle, de Passy et de celui d'Hébert (ce dernier est situé au nord de la Butte Montmartre), envisage un nouveau puits artésien sur la Butte-aux-Cailles. L'objectif initial est d'alimenter le quartier en eau et aussi de déverser le surplus dans la Bièvre, affluent de la Seine coulant à proximité et dont le débit est à cette époque devenu insuffisant.
Le préfet Haussmann décide du forage du puits artésien de la Butte-aux-cailles par arrêté préfectoral en 1863.

Les travaux ne commencent alors en 1866 et débutent par l'érection d'une tour de forage en bois. Ils sont sur le point de s'achever en 1872 lorsque le forage atteint les argiles coulantes du Gault, juste au-dessus de la nappe aquifère. Mais, à la suite d'un désaccord entre l'entrepreneur et l'administration, ainsi que du manque d'argent (Paris est assiégée en 1870 par les prussiens, la Commune de Paris a lieu en 1871), les travaux sont interrompus. De plus, la Bièvre est progressivement enfouie et ne nécessite plus d'être alimentée. Autre progrès : l'aqueduc de la Vanne alimente le réservoir de Montsouris en 1874, permettant la distribution d'eau dans le sud parisien. Pendant une vingtaine d'années, la tour en bois, abandonnée, reste témoin de la tentative. La place où elle s'élève est néanmoins baptisée « place du Puits-Artésien » (elle ne prendra le nom de « place Paul-Verlaine » qu'en 1905).

Le forage reprend en 1893 sous la direction de l'ingénieur Paulin Arrault. Finalement, l'eau jaillit en 1904 d'une profondeur de 582 m.
Le tube a un diamètre de 40 cm à la base et le débit se stabilise à 67 L/s (5 800 m3/jour). La Bièvre étant en cours d'enfouissement, il n'est plus question d'y déverser l'eau du puits artésien. En 1924, le puits alimente la piscine de la Butte-aux-Cailles toute proche et tout juste ouverte.

En 1994, la ville de Paris confie à Eau de Paris la rénovation des différents puits artésiens. En 1999, la nouvelle fontaine est inaugurée. Le forage d'origine étant vétuste, un nouveau forage est réalisé en 2000, à 620 m de profondeur.




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